Des autoroutes et des chemins à travers la campagne – du rôle des bénévoles
Wislikofen AG, 13.11.16 (kath.ch) Les membres des conseils pastoraux et les bénévoles rendent des services précieux pour l’Église. Elles et ils contribuent à ce que l’Église puisse à l’avenir rester vivante, malgré la diminution du nombre de collaborateurs permanents. C’est ce qu’a montré la 32e journée des conseils pastoraux de toutes les régions linguistiques du pays. Cette journée, organisée par l’Institut suisse de sociologie pastorale (SPI) de Saint-Gall, s’est déroulée les 22 et 23 novembre dernier au centre de formation du prieuré de Wislikofen, dans le canton d’Argovie.
Chaque année, les délégués des conseils pastoraux cantonaux et diocésains se rencontrent sous l‘appellation ronflante de coordination interdiocésaine (IKO). Cette année, 23 femmes et hommes se retrouvèrent à l’extrémité nord-est du canton d’Argovie pour un échange d’expériences et leur formation continue.
Les rapports des conseils pastoraux ont dévoilé cette fois encore une large gamme d’activités. Que l’aide aux réfugiés ait constitué au cours des derniers mois un axe prioritaire en de nombreux endroits ne saurait surprendre. Il faut noter, cependant, que de nombreux conseils ont cherché à établir des collaborations avec des services de l’État, pour exploiter les synergies possibles.
En plus de leur motivation à apporter une aide, plusieurs conseils ont proposé des actions concrètes, sous la forme par exemple de parrainages, en particulier pour les réfugiés mineurs.
Conseils indésirables
Partager et approfondir la foi : beaucoup des activités des conseils pastoraux peuvent répondre à cette devise. Presque tous participent aux pèlerinages, dont ceux pour la jeunesse, dans leurs régions. Certains organisent des journées ou d’autres offres de formation religieuse. À ce propos, une des participantes fit la remarque suivante : « Il est inquiétant de constater le peu de connaissances sur la foi qu’ont certains croyants. »
Les conseils pastoraux relèvent expressément de la volonté du concile Vatican II, et bien qu’ils aient apporté à maintes reprises la preuve de leur utilité, ils ne sont pas souhaités partout. Les doléances à ce sujet proviennent principalement du diocèse de Coire. Le délégué du conseil pastoral des Grisons se plaignit de « s’être senti inutile, isolé et incompris ». Les membres du conseil se seraient demandé à quoi bon sacrifier leur temps.
Apostolat des laïcs
Le conseil pastoral des Grisons a trouvé une réponse à sa crise existentielle grâce à l’exhortation apostolique « Evangelii Gaudium » du pape François : « Nous avons trouvé dans le texte une clarification de la mission de l’apostolat des laïcs ; nous voyons notre travail dorénavant sous les aspects de la nouvelle évangélisation, pour transmettre la foi. »
Un rapport d’activité provenant de l’extrémité opposée de la Suisse a montré de manière impressionnante que la hiérarchie et les représentants « de la base » pouvaient tout à fait poursuivre une collaboration fructueuse. Ainsi, le conseil pastoral de Genève s’est clairement positionné en faveur de la planification pastorale de sa direction ecclésiale, ce qui lui confèrerait une autorité plus grande que si elle était considérée comme un document « venant d’en haut » seulement.
Charismes
La théologienne Maria Blittersdorf s’est penchée sur les rapports fournis par les conseils pastoraux et, sur la base de considérations théologiques, elle s’est intéressée au profil des collaboratrices et collaborateurs professionnels et des bénévoles dans l’Église. Madame Blittersdorf est une collaboratrice du SPI de Saint-Gall. Elle est partie, dans sa réflexion, des différents charismes, en soulignant : « Les charismes servent autrui. Les exploiter me comble aussi moi-même. »
Madame Blittersdorf émit le postulat d’aménager les structures ecclésiales de telle sorte qu’elles favorisent l’engagement de bénévoles. Elle évoqua des mots clés tels que formation, communication claire, participation aux décisions, compétences décisionnelles et ressources suffisantes.
Autoroutes ou chemins à travers la campagne
L’implication de bénévoles prend une importance croissante au regard de la menace de séparation entre Église et État et encore plus du fait de la baisse des rentrées fiscales, ont constatés, critiques, les délégués réunis à Wislikofen. La question s’est cependant posée de savoir dans quelle mesure les collaborateurs engagés professionnellement ou à titre officiel seraient disposés à déléguer une partie de leurs tâches et compétences à des bénévoles. Les expériences relatées montrèrent que les cas de figure variaient en Suisse du tout au tout. Un délégué de conseil pastoral résuma de manière imagée, faisant référence aux évêques : « Les uns mettent des autoroutes à disposition, les autres seulement d’étroits chemins à travers la campagne ».