Joies et espoirs – maintenant
Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ. Cette phrase du Concile Vatican II est d’une actualité tangible en ce temps de coronavirus.
Le virus ne fait, en effet, aucune distinction entre les croyants et les non-croyants. Il touche tout le monde et exige de tout le monde une gestion intelligente. Il s’agit de trouver des formes de coexistence qui rende possibles la proximité et la solidarité sans nous mettre en danger. Pour les chrétiennes et les chrétiens, il s’agit aussi d’avoir confiance en Dieu, quoi qu’il arrive pour nous ou autour de nous. Dieu est aux côtés de tout le monde, dans cette situation également.
Les angoisses
Beaucoup de personnes ont peur. Le virus constitue une menace. Pour beaucoup, la menace pèse sur leur propre vie, pour d’autres, sur la vie de personnes proches ou sur la vie de tous les jours, dans laquelle de nombreuses choses ne sont plus ce qu’elles étaient. D’autres encore ont peur de la solitude. Personne ne doit rester seul avec ces peurs. Nous ne pouvons pas faire disparaître les peurs mais nous pouvons les surmonter ensemble. Nous pouvons regarder nos peurs en face, en parler devant d’autres et ainsi leur enlever leur pouvoir paralysant.
Les joies
Face aux certitudes qui s’écroulent, beaucoup de gens font preuve spontanément et chaleureusement de sympathie, notamment aussi à l’égard de personnes qui leur sont étrangères. Beaucoup se montrent créatifs dans la solidarité. Les actions d’aide, grandes et petites, l’attention portée calmement aux autres et le souci résolu d’autrui suscitent joie et reconnaissance. De nombreux gestes de sympathie interper-sonnelle nous permettent, encore aujourd’hui, de rire ensemble. Dans ces moments de joie, nous expérimentons une force qui nous fait surmonter ensemble les obstacles.
Les tristesses
Le virus enlève quelque chose à beaucoup d’entre nous. Actuellement, ce sont des manifestations, des voyages, des congés et des rencontres qui tombent à l’eau. Déceptions et tristesses sont préprogram-mées. La tristesse liée à la mort d’êtres chers s’y ajoutera peut-être bientôt. Toutes ces tristesses sont à prendre au sérieux. Nous pouvons ouvrir des espaces et des églises à tout le monde pour partager les tristesses et trouver des moyens d’en sortir. Les célébrations de Pâques seront différentes cette année – mais Pâques ne disparaît pas.
Les espoirs
De nombreuses personnes se dépassent maintenant. Elles s’engagent pour les autres et continuent leur travail pour que des pans importants de notre société continuent de fonctionner. Le personnel médical, les vendeuses et vendeurs dans les supermarchés, celles et ceux qui travaillent dans les transports publics ou les responsables de la pastorale – ils et elles, et beaucoup d’autres encore, fournissent un énorme travail. Peut-être est-ce là l’affirmation d’une force inextinguible d’espoir contre tout désespoir.
Nous sommes reconnaissants des initiatives, des gestes, des encouragements et de tous les signes de solidarité et de proximité. Ils nous font sentir les liens profonds qui nous unissent tous – et ils nous font sentir que, malgré toutes les distances nécessaires à prendre au quotidien, nous ne sommes pas seuls.
Mgr Markus Büchel, Barbara Kückelmann et François-Xavier Amherdt
membres de la présidence de la commission pastorale de la Conférence des évêques suisses