Advance Care Planning : un défi pour l’Église et la pastorale
La planification anticipée de la prise en charge médicale – Advance Care Planning (ACP) – constitue un défi stratégique pour les Églises. Ce défi a été abordé lors d’une visioconférence organisée par le Service en soins palliatifs de la Conférence des évêques suisses et qui s’est tenue le 16 juin 2020.
Le professeur Markus Zimmermann, du département de théologie morale et d’éthique de l’Université de Fribourg, a présenté les questions et les perspectives liées à l’ACP. Une vingtaine de spécialistes ont ensuite discuté de la manière dont l’Église catholique pouvait relever les nouveaux défis de cette planification anticipée de la prise en charge médicale et des priorités à fixer.
La planification anticipée des traitements, l’idée d’« Advanced Care Planning » découle directement du principe et des objectifs des directives anticipées du patient, mais elle met toutefois un accent nettement plus prononcé sur le respect de l’autonomie et de la dignité de la personne en fin de vie. Les préoccupations, les souhaits et les idées des personnes concernées doivent être au centre de l’attention, et non le fonctionnement le plus harmonieux possible d’une organisation. Les expériences faites jusqu’à aujourd’hui avec les directives anticipées du patient donnent à réfléchir. Soit les directives ne sont pas disponibles au moment où on en aurait besoin, soit elles contiennent des déclarations contradictoires ou les décisions fixées ne correspondent pas à la situation actuelle du patient ou de la patiente. L’ACP s’inspire de ces expériences et vise à améliorer aussi bien les conditions cadres de planification des soins que la documentation.
Les personnes participant à la visioconférence se sont accordées sur un point : l’Église catholique devrait s’impliquer dans les discussions sur la planification anticipée des traitements. Cette thématique sera importante pour la pastorale du futur. Il est clair que l’approche devrait être œcuménique. Les patientes et les patients doivent acquérir la compétence pour arrêter leur propre volonté et déterminer leurs propres valeurs et les mettre par écrit. L’action pastorale doit encourager cette réflexion assumée et contribuer au questionnement des valeurs par chacune et chacun. Par ailleurs, les Églises pourraient tout à fait prendre position publiquement quand cela est nécessaire.
Les prestations à fournir ici sont, d’une part, l’information et la sensibilisation au niveau paroissial ainsi que la formation des collaboratrices et des collaborateurs de la pastorale. D’autre part, il faut également réfléchir s’il est envisageable de former les collaboratrices et les collaborateurs de la pastorale comme « facilitatrices, facilitateurs » ACP. Toutes ces prestations nécessitent des ressources humaines et financières. Le débat est lancé, il sera poursuivi aussi bien au niveau des structures qu’à celui de la pratique.
Jeanine Kosch, Service en soins palliatifs de la Conférence des évêques suisses